LAMPERTI une classe au-dessus

Publié le 17/01/2007 N°1784 Le Point
Marseille Années 60 - Sports
Boxe
Lamperti, une classe au-dessus
Depuis longtemps, Marseille aime la boxe. Les salles de la ville ont toujours été un vivier à champions. Comme Ray Grassi, éphémère champion de France, mort en 1953 à la suite des coups reçus lors de son dernier combat, malgré une opération au cerveau. Ainsi des frères Honoré et Hilaire Pratesi, au destin également tragique. Le premier encaisse tellement de coups lors d'un combat qu'il en meurt. Le second est gravement accidenté au lendemain d'un Championnat de France victorieux. Il restera paralysé dix ans, avant de mourir. Autre champion de l'époque, Raymond Giraudon. Poulain de Jean Molina, ce terrible boxeur est le sosie d'Anthony Quinn.
Mais le véritable crack du moment, c'est Gracieux Lamperti. Tout le monde l'appelle Jojo. Lamperti, c'est l'histoire du Petit Chose devenu une vedette grâce à sa force pure. Un frappeur comme on en voit un par génération. A Marseille, en mars 1960, le Corse conserve sa ceinture européenne des poids plume, au palais des sports, contre l'Espagnol Manolo Garcia. Sept mois plus tôt, Lamperti est devenu champion d'Europe à San Remo, en battant l'Italien Caprari. « C'est le plus grand boxeur que Marseille ait connu », s'emballe Jean Molina. Les deux hommes ont fait leurs gammes ensemble, chez les amateurs. Dans la salle du Ring provençal, rue Longue-des-Capucins. Mais ce « type formidablement doué », qui électrise le public, n'est pas un modèle de rigueur. Lamperti déteste s'entraîner. « C'était la star des stars, reprend Molina. Il était beau garçon, connaissait tout le monde. Il était extravagant et aimait se battre. » Lamperti court les filles. Plus jeune, avec son ami Molina, il aimait traîner dans les foires. Ensemble, les deux jeunes gens y défiaient d'anciens boxeurs gagnant leur vie en affrontant le public. Avant de partir, insouciants et le coeur léger, danser en ville tout le reste de l'après-midi avec les 10 francs reçus pour leur victoire. L'été, quand Lamperti rentre à Calacuccia, son village situé dans la région montagneuse du Niolo, c'est en vedette qu'il débarque : au volant de magnifiques voitures américaines et au bras de superbes poupées. Gracieux a le vent en poupe et croque la vie. Mais l'enfant de la Plaine n'ira pas au bout de ses rêves, en partie à cause d'un encadrement pas suffisamment aguerri - Henri Barba, son manager, n'a pas de grand promoteur à ses côtés, capable de miser sur la carrière de son champion. Ce qui n'empêche pas ce farceur de Lamperti de s'offrir le luxe d'envoyer Davey Moore, le champion du monde, sur les fesses. En 1961, il affronte le Noir américain, tenant du titre, à Paris, au palais des sports. Le combat correspond à une demi-finale mondiale - le titre n'est pas en jeu. Au 4e round, Lamperti envoie Moore à terre. Curieusement, il le relève. Et finit par perdre aux points. De justesse.

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